La chance d'être sensible à la beauté
Ce message lancé comme une goutte d'eau dans le flot des tweets planétaires par l'écrivain et journaliste Annie Lemoine exprime tellement bien en une seule phrase la réponse à la problématique actuelle. Il m'a reboostée je crois, et je me suis dit que quand on a la chance d'avoir cette sensibilité-là qui prend toute la place dans notre cerveau et nous protège de la possibilité de devenir un être immonde, on doit continuer à la partager, en espérant une grande contagion...
Je me suis rappelée alors cet après-midi d'octobre au bord de la Loire : une chaleur douce, un léger vent, un ciel changeant et le fleuve miroir. J'avais trouvé un petit coin pour m'asseoir (un poteau de bois couché sur le sable faisait office de petit banc) et j'entendais le bruit incessant des voitures passant non loin de là sur le pont : quelle chance j'avais de profiter de cet instant de calme et de pure beauté pendant que tout le monde courait pour arriver à boucler son planning du jour..
Mais il reste des montagnes de questions à résoudre. Comme un écho à ce sujet que j'étais en train d'écrire, dans ma radio la voix de l'acteur Vincent Lindon (dans "La presque nuit blanche Lindon/Clark" du 22 janvier 2015 sur France Inter, en réécoute là ) met l'accent sur le noeud du problème. Après tout un débat sur le fait que la culture est la solution aux dérives, il s'adresse à la pianiste Anne Queffelec en lui disant qu'elle est privilégiée, que lui est privilégié, parce qu'ils connaissent l'existence de ces "refuges" (terme employé par le Professeur Olivier Lyon-Caen pour désigner cette faculté de l'être humain à avoir des zones de recours qui permettent de tempérer la réalité du moment, ceux qui n'ont pas accès à ces refuges passent à l'action violente qui devient leur seule solution de gestion de leur stress et des tensions), mais qu'est ce qu'on fait, comment on fait pour ceux qui ne peuvent même pas avoir recours à ces "refuges" puisqu'ils n'en connaissent même pas l'existence ?......
(Jamais je n'aurais pu imaginer à l'époque que cette barque échouée et ce coeur d'eau deviendraient l'illustration de ces âmes perdues sans refuge qui mettent en danger notre société et les valeurs que nous voulons conserver. Photos prises en octobre 2014 à l'ancien village de pêcheurs de la Meilleraie -Loire Atlantique- face à l'abattiale de St Florent le Vieil -Maine et Loire-)