Fritillaria meleagris
« Au printemps, quand l’eau de la Loire s’est retirée, les prairies gorgées d’eau se couvrent d’une étrange fleur violette, ressemblant à une tulipe. Sa tige est fragile, ses pétales se rassemblent en une cloche, tachetée en damier ou en peau de serpent. Sa couleur lie-de-vin, ou plus rarement blanche, ses étranges motifs jaspés, la diminution de sa population l’ont fait inscrire sur la liste des espèces protégées d’Anjou »
Danièle Sallenave dans « Dictionnaire Amoureux de la Loire »
« En Anjou, on l’appelle « Gogane » - ailleurs coccigrole, œuf de vanneau, tulipe d’eau. Les anglais disent snakehead, tête de serpent. C’est une liliacée, son nom savant est « fritillaire pintade », ou fritillaria meleagris : fritillus, c’est, en latin, le « cornet à dés ». Quant à Méléagre, selon Ovide, il était le fils d’Arès, dieu de la guerre. Il fut tué dans des conditions obscures après une chasse au sanglier dont Artémis se mêla abusivement. Et où Perséphone, fille de Pluton, roi des Enfers, joua un rôle néfaste ; d’ailleurs, la variété la plus foncée se nomme « Charon », comme le passeur du Styx. Il y a bien en effet quelque chose de funèbre dans la couleur de la gogane, ce violet mélancolique comme celui des colchiques qui, elles, fleurissent à l’automne…
Artémis eut pitié des sœurs de Méléagre, inconsolables de sa mort, et les changea en pintades. Ce n’était peut être pas très heureux : à l’époque, je ne sais pas, mais aujourd’hui, évoquer une pintade en parlant d’une jeune fille n’est pas vraiment lui faire un compliment »
Danièle Sallenave dans « Dictionnaire amoureux de la Loire »
Si j'ai choisi ce texte de Danièle Sallenave (dont je vous ai déjà parlé ici) pour accompagner mes photos de goganes, c'est que j'ai appris, en faisant des recherches pour cet article, que son épée d'académicienne a été ornée d'une de ces fleurs ! C'est bien là la preuve que cette petite fleur, même si elle est également présente dans de nombreuses autres contrées, est bien un symbole de notre région ligérienne.
" Danièle Sallenave portera l’habit vert et la traditionnelle épée, sur laquelle elle a fait graver comme signe particulier une fritillaire, « cette fleur que l’on appelle « gogane » dans ma chère vallée de la Loire et qui pousse au printemps sur les sols découverts par le retrait du fleuve ». " (source : clic )
Et je termine par l'essentiel : un très grand MERCI à Marie-Thé (dont vous pouvez suivre les aventures photographiques par là) pour m'avoir donné cette nouvelle adresse où j'ai pu facilement accéder à ce grand champ de goganes. L'idéal : point de troupeaux de bestiaux à affronter, ni de barbelés à franchir ! Merci encore ! Je suis seulement déçue car le vent qui souffle en ce moment ne m'a pas permis de faire aussi bien que je l'aurais souhaité. Mais, puisque maintenant j'ai cette adresse, je commande pour l'année prochaine une journée sans vent (sans pluie il va sans dire) pour pouvoir photographier ces petites fleurs dans de meilleures conditions.