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La mémoire des jours
19 mars 2015

La chanson du jour : "J'arrive où je suis étranger" par Jean Ferrat (1995) et Raphael (2015)

 

Puisque nous sommes encore en plein "Printemps des Poètes", et qu'en même temps nous commémorons les 5 ans de la disparition de Jean Ferrat, je vous propose ce texte écrit par Aragon.

Texte très fort je trouve, chanté par Jean Ferrat (sur l'album "Ferrat 95" sorti en octobre 1994), et repris sur l'album hommage à Ferrat ("Des airs de Liberté") qui vient de sortir, par le chanteur Raphael. Je reviendrai sans doute plus tard sur l'album hommage que j'écoute en boucle en ce moment...

 

J'arrive où je suis étranger

 

Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger

Un jour tu passes la frontière
D’où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu’importe et qu’importe hier
Le cœur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon

Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l’enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C’est le grand jour qui se fait vieux

Les arbres sont beaux en automne
Mais l’enfant qu’est-il devenu
Je me regarde et je m’étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus

Peu à peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d’antan
Tomber la poussière du temps

C’est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C’est comme une eau froide qui monte
C’est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu’on corroie

C’est long d’être un homme une chose
C’est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux

Ô mer amère ô mer profonde
Quelle est l’heure de tes marées
Combien faut-il d’années-secondes
À l’homme pour l’homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées

Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger


Louis Aragon

(publié dans "La Diane française" en 1944)

 

 

Louis Aragon

Louis Aragon (1897 - 1982)

(photo : auteur inconnu)

 

 

L'occasion de revoir ces images d'archives, quand Jean Ferrat parlait d'Aragon :

 

Et, comme je ne trouve pas de vidéo suffisemment nette de Jean Ferrat interprètant ce texte, voici Raphael, samedi dernier dans la spéciale "Des airs de liberté" sur France 2 :

 

 

Pour revenir à l'original, je vous conseille "l'intégrale Ferrat chante Aragon", chanson 18, sur votre site de musique préféré, comme par exemple ici :

 

 

Bonne écoute !

 

 

 

 

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Commentaires
L
Bonjour<br /> <br /> Votre texte comporte une erreur au troisième vers : c'est "Pourle givre" et non "Comme le givre", sinon il y aurait une syllabe de plus et le vers passerait à neuf pieds au lieu de huit.<br /> <br /> Ce qui est étrange est que Raphael fait inexpliquablement la même erreur, que Ferrat quant à lui ne fait pas (je viens de réécouter). <br /> <br /> Pouvez-vous corriger au moins le texte ? Merci<br /> <br /> JLB
M
Merci à toi pour cet hommage à Jean Ferrat, et ce magnifique texte d'Aragon.L'interprétation par Raphaël est émouvante et très belle.
S
J'aime bien parfois quand je ne connais pas les chansons originales car là je trouve cette chanson sublime, chantée par Raphaël que j'aime beaucoup. Le texte est effectivement très beau et ce qui est terrible, c'est que, chantée par un autre artiste qui ne me touche pas, je pense que je ne saurais pas l'apprécier autant ! Merci pour cette vidéo.
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